Fin septembre j’ai assisté au symposium de Coordonnance, une association nordiste souhaitant promouvoir la transversalité des pratiques du soin. Ce rendez-vous se tient fin septembre, depuis 4 ans. Les précédentes versions abordaient le stress, l’enfant, les sens. Tout un programme !
Cette année, les conférences tournaient autour du thème Médecines du monde, médecines des hommes.
Dans l’ensemble, j’ai trouvé l’approche plutôt “conceptuelle”, dans la mesure où je sentais la volonté des organisateurs d’ouvrir sur le monde et l’altérité, de décrire des approches différentes et en même temps qui font écho à une éthique et une “philosophie” du soin commune aux participants.
Je suis sortie de là stimulée, curieuse, sans mode d’emploi ou outil, mais avec une attention plus aigüe sur la question du sens, de pourquoi fait-on les choses ? pourquoi tombons-nous malade et comment, grâce à l’expression du sens et à une attention bienveillante du soignant, on retrouve le chemin de la santé, physique ou mentale.
J’ai beaucoup aimé l’érudition et la leçon d’histoire de l’art sur les nourritures d’orient et d’occident du Dr Bernard Schmitt (Lorient). Des reproductions présentées de Brueghel l’ancien, de Goya ou encore d’artistes d’Asie mineure venaient soutenir son propos sur le rapport à la nourriture selon les époques et les cultures et son rôle tenu dans le maintien de la santé.
Au cours de ces 2 jours, j’ai souvent entendu parler de prévention. La santé à conserver plutôt qu’à retrouver, notamment parmi les concepts fondamentaux de la médecine chinoise (Dr Daniel Laurent, La Rochelle), ayurvédique (Dr Falgune Vyas, Paris), tibétaine (Dr Lobsang Shrestha, Barcelone) ou encore kabbalistique (Pierre Trigano, Ganges). Chacun avec sa modélisation du corps humain et de la répartition de l’énergie vitale offrait une approche holistique de l’individu.
La verve du philosophe Bertrand Vergely était jubilatoire et bien qu’il soit passé en fin de journée, il a été suivi avec attention et nous a fait sortir de notre journée remontés et heureux.
Accepter sa finitude pour vivre pleinement. Concevoir “la vie comme vertu en cultivant la pensée de la santé, en distinguant ce qui relève de l’être et du faire”.
L’approche transculturelle, instaurée par Georges Devereux et Tobie Nathan, présentée par deux médecins parisiens (Dr Bouznah et Dr Lewertowski) était réjouissante et pleine d’optimisme, même si j’ai trouvé que ce type d’intervention et la qualité d’accompagnement mériteraient une écoute plus maîtrisée. J’ai retenu de cet exposé l’importance du sens dans l’apparition d’une pathologie, qu’on peut rechercher aussi bien dans sa culture d’origine que dans sa culture familiale, son histoire. Et aussi la dimension essentielle de la participation active du patient dans son processus de soin. Si le soin apporté fait sens pour lui, si la confiance est présente, alors la relation thérapeutique a lieu et le processus de guérison peut commencer.
Le Dr Lemoine (psychiatre, Meyzieu) a été généreux et drôle dans son exposé sur l’effet placebo, en validant l’importance du bénéfice apporté au patient et à l’éthique du soin.
Toujours sur ce mode érudit et drôle à la fois nous avons suivi une présentation sur l’éthologie et la question de l’intelligence, d’origine sociale ou non, chez l’animal (Pr Dickel, Caen) suivi d’un exposé sur l’automédication chez des singes et des chevaux (Pr Petit) qui conforte l’idée de bon sens et selon laquelle on posséderait en soi les compétences pour se soigner.
On s’est ensuite évadés avec le témoignage de Corinne Sombrun, journaliste ayant découvert lors d’un reportage son don de chamane lors d’un rite traditionnel en Mongolie. Elle conservait une distance doucement amusée avec son histoire, visiblement gênée et en même temps curieuse de ce qui lui est arrivée, avec l’envie de comprendre, d’un point de vue neuro-scientifique, ce qui se passe dans son cerveau dans ses moments de transe, qu’elle parvient à maîtriser à présent.
On a poursuivi l’exploration des mondes chez les indiens navajos et l’art des hommes medecine, puis la culture Kogi, dont le mode de vie est menacé et qui défend un rapport harmonieux avec la nature.
Je suis sortie de là avec des mots comme beauté, nature, vivant. Revigorant !
A l’année prochaine !